« Je viens de perdre ma fille dans un accident de voiture, il y a deux mois, et là je perds mon fils. Pour toute la famille, c’est dramatique. C’est dur pour moi et sa mère. il n’y a pas de mots », a témoigné au micro de BFMTV le père du boxeur Alexis Vastine, l’un des trois sportifs de haut niveau tués dans le crash d’hélicoptère survenu en Argentine. « Je me dis que je veux rejoindre mes deux enfants. sur cinq, il ne m’en reste plus que trois. on est une famille maudite », poursuit-il, considérablement ému.1
Il faudrait être dur et dénué de sentiments pour ne pas prendre part à la douleur d’une telle personne.
Nous avons tous connu la douleur, la maladie, la mort et nous avons tous vu à la télévision des images de famines et de tremblements de terre. La question se pose inévitablement : « Pourquoi cela arrive-t-il ? » La tendance observée chez beaucoup est de blâmer Dieu. Ils ne remercient jamais Dieu pour toute la bonté, la bienveillance et la beauté de la création, mais ils l’accusent lorsqu’il s’agit des mauvais évènements et catastrophes qu’ils voient dans le monde.
Certes, ce n’est pas le cas de tout le monde. Lorsqu’elles sont touchées personnellement par le mal et la souffrance, il existe certaines personnes, qui, du fond de leur angoisse et de leur douleur, peuvent se demander pourquoi cela leur arrive, sans pour autant blâmer Dieu. Au contraire, ces personnes éprouvent un grand soulagement de savoir que Dieu les aime et prend véritablement soin d’elles, même dans ces épreuves.
Il y a quelques années, une famille rentrait de l’Église après un culte du dimanche. Le père de famille traversa la rue pour aller rendre les clés de la salle de culte, tandis que la mère et les deux enfants, Christopher et Susan, âgés respectivement de neuf ans et quatre ans et demi, attendaient sur le trottoir. La route avait trois voies et sur celle du milieu se trouvaient deux voitures allant à toute allure l’une vers l’autre. Aucun des conducteurs ne prit la décision de s’écarter et un crash eut lieu, projetant violemment l’une des deux voitures sur la famille qui attendait sur le trottoir. Les deux enfants furent tués sur le coup et la mère survécut à des blessures qui l’obligèrent à utiliser des béquilles pendant plusieurs semaines.
Comment réagirais-tu dans une telle situation ? Au sujet de ce qu’elle ressentit après l’accident, la mère déclara :
« Je ne sais pas comment font, en temps de crise, les gens qui n’ont pas placé leur foi en Dieu. Après l’accident nous avons prié sur place, au bord de la route, au milieu de notre confusion et douleur. Combien notre Père céleste est merveilleux ! il se tient toujours tout près de nous. »
Il ne s’agit pas là d’une échappatoire ou d’un déni des faits. La douleur et le chagrin de ces parents étaient bien réels, et le sont encore plusieurs années plus tard. Le père de famille dit :
« En regardant ces années en arrière, c’est toujours aussi difficile pour nous de comprendre pourquoi Dieu a permis qu’un évènement provoquant tant de chagrin nous arrive, mais sa grâce est suffisante pour nos plus grands besoins. Je me souviens de cette présence de Dieu dans ces moments de douleur très intense. Je savais que le Dieu qui a créé le monde était avec nous, comme un père qui compatit à nos souffrances. »
Cet accident nous montre que le désastre et l’adversité, en eux-mêmes, ne sont pas des raisons pour rejeter Dieu et la foi chrétienne. Le juge dans le procès qui suivit cet incident n’a pas blâmé Dieu. Ayant tous les faits et les preuves devant lui, il condamna les conducteurs.
Il est clair par-dessus tout que beaucoup de souffrances dans le monde résultent de l’égoïsme de l’homme et de son rejet des voies de Dieu. Des millions de gens meurent de famine en Afrique, alors qu’en Europe occidentale, les agriculteurs doivent maintenir des quotas en produisant moins de ce que leurs terres pourraient cependant fournir. La justification est que cela n’est pas bon pour l’économie. L’on entend également parler de la destruction de nourritures en bon état, pour les mêmes raisons économiques. Il y a une décennie, on disait qu’il faudrait soixante milliards de dollars américains par an pour nourrir toute la population affamée du monde. Un tel montant peut sembler énorme, mais c’est ce que dépensaient à ce moment-là certaines grandes puissances, toutes les deux semaines, pour leur armement. La cause de la faim dans le monde n’est pas la famine, mais plutôt la cupidité et l’égoïsme de l’homme.
Que dire des catastrophes naturelles ?
Tu pourrais rétorquer : mais qu’en est-il des tremblements de terre, des tsunamis, des ouragans et des inondations ? L’homme ne peut pas être blâmé pour ces choses. Si Dieu est si bon et si puissant, pourquoi ne fait-il pas quelque chose contre toute cette souffrance ? La réponse est qu’il a fait quelque chose.
Notre monde est sans cesse l’objet de catastrophes. Mais la première des catastrophes a été représentée par le péché originel dans le jardin d’Éden, c’est-à-dire au moment ou Adam et Ève tournèrent le dos à Dieu pour vivre leur propre vie.
Lorsque Dieu créa ce monde, aucun de tous ces maux n’existait. Dieu regarda sa création et dit que c’était très bon ! Il n’y avait pas de mauvaises herbes, et encore moins de tremblements de terre. L’Homme était lui-même créé à l’image de Dieu. Il n’a pas été créé comme un robot programmé pour agir de manière machinale, mais en tant qu’individu libre, afin de jouir de tout ce que Dieu lui a confié dans un beau monde. Jusque-là, tout était bien. Pas de mal, pas de souffrance.
L’homme s’est ensuite rebellé contre Dieu et désormais, le péché fait partie de la nature humaine. Sous l’influence du diable, l’homme rejette Dieu et les voies de Dieu. Le rejet est si total que même Jésus décrit Satan comme le « prince du monde2 ». Le monde dans lequel nous vivons est le résultat de tout ceci. Beaucoup de beautés dans la création de Dieu restent visibles, mais nous voyons aussi tout le mal causé par le péché, non seulement dans la nature de l’homme mais aussi dans la création elle-même, de sorte que le Nouveau Testament la décrit comme « soupirant les douleurs de l’enfantement3 ».
Le monde tel que nous le connaissons n’a plus la structure harmonieuse qui découla de la main de Dieu qui répétait le refrain « c’était bon ». Il y a au contraire une dissension qui a affecté la création, le fonctionnement de la nature toute entière, et le modèle de la vie animale et humaine. D’où ces éléments destructifs et sauvages dans la nature, lesquels se manifestent dans les tremblements de terre, les inondations… Notre nature possède des lois de violence, une espèce étant prédatrice d’une autre. Nous avons parmi nous des moustiques transmettant la malaria et d’autres germes vecteurs de maladies. Bref, nous avons un monde dans un état de grands affrontements, dont les conséquences résonnent dans toute la création.
Dieu, se soucie-t-il de la souffrance? Y-a-t-il de l’espoir ?
Voilà comment la Bible explique le monde et la vie telle que nous la connaissons aujourd’hui. Cela s’accorde bien avec les faits, explique bien nos expériences et plus encore, donne une réponse à notre question. Dieu a fait quelque chose par rapport à la souffrance. Il a envoyé son Fils Jésus dans le monde pour vaincre le péché et Satan, afin de sauver l’homme des conséquences de son péché, et de mettre en œuvre, au temps convenable, un nouveau ciel et une nouvelle terre où tout sera exactement comme Dieu voulait que ce soit. Une fois de plus [mais pour de bon], il n’y aura plus de mal, ni de péché, ni de souffrance.
Le prophète Esaïe, dans l’Ancien Testament le décrit ainsi :
« Le loup habitera avec l’agneau, et la panthère se couchera avec le chevreau ; le veau, le lionceau, et le bétail qu’on engraisse, seront ensemble, et un petit enfant les conduira. La vache et l’ourse auront un même pâturage, leurs petits un même gîte ; et le lion, comme le bœuf, mangera de la paille. Le nourrisson s’ébattra sur l’antre de la vipère, et l’enfant sevré mettra sa main dans la caverne du basilic. il ne se fera ni tort ni dommage sur toute ma montagne sainte ; car la terre sera remplie de la connaissance de l’Éternel, comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent. »
La Bible, Ésaïe 11:6-9
C’est parce que ces parents victimes de cet accident horrible croyaient fermement en ces promesses que la calamité qu’ils ont traversée ne les a pas aigris contre Dieu. Mais au contraire, ils ont été affermis et remplis d’espérance au milieu même de leur peine et de leur tourment.
« C’est généralement lorsque nous sommes écrasés et dévastés que la croix nous parle avec le plus de puissance. Les blessures de Christ deviennent alors ce qui le rend crédible. Le monde rit, mais c’est par les blessures de Christ que nous avons l’assurance de l’amour de Dieu. »
D.A. Carson dans « Jusques à quand Seigneur ? »
« La souffrance en tant que telle n’amène rien de positif, mais quand nous la plaçons entre Dieu et nous, sa signification apparaît. Par la croix, la souffrance devient une transaction. La croix est l’endroit où se déroule la transaction. Elle est l’endroit où la puissance surgit entre Dieu et nous. »
Joni Eareckson Tada dans « Quand Dieu pleure ».
« Dans le monde bien réel de la douleur, comment quelqu’un pourrait-il adorer un dieu qui ne peut pas la ressentir ? Dans plusieurs pays d’Asie, je suis entré dans un temple bouddhiste et je me suis tenu avec respect au pied de la statue du Bouddha ; celui-ci est assis jambes et bras croisés, les yeux fermés, une ombre de sourire sur les lèvres, l’air absent, détaché des souffrances de ce monde.
Chaque fois, il me fallait détourner le regard après un moment. Je me tournais en pensée vers l’être abandonné, écartelé, torturé sur la croix, des clous plantés dans ses mains et ses pieds, son dos lacéré, ses articulations étirées, son front saignant des piqûres d’épines, la bouche sèche, souffrant d’une soif intolérable, et plongé dans l’obscurité loin de Dieu.
Voilà mon Dieu ! Il a mis de côté son immunité à la douleur. Il est venu dans ce monde de chair et de sang, de larmes et de mort. Il a souffert pour nous.
À la lumière de ses souffrances, les nôtres deviennent plus faciles à porter. Sur la marque laissée par la question de la souffrance de l’humanité, nous y apposons une autre, celle d’une croix qui symbolise la souffrance divine. »
John R.W. Stott dans « La Croix de Jésus-Christ »